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Comment intéresser les jeunes à l’écriture scientifique populaire

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Par Alex Chattwood, éditeur, Communications, éducation et diffusion

Comme plusieurs scientifiques qui tentent de faire leur place dans le domaine de la communication scientifique, j’ai participé à plusieurs ateliers de développement professionnel. Il y a quelques semaines, j’assistais à un atelier sur l’utilisation de stratégies de conte d’histoires développées par Pixar pour la communication scientifique, et donné par la paléontologue Sara ElShafie. Je suis très familier avec l’idée d’expliquer des thèmes scientifiques à l’aide d’histoires; par contre, pour la première fois, mes collègues étaient des adolescents.

Ces adolescents font partie du programme Future Science Leaders à Vancouver, et je suis leur instructeur. Sur une durée de trois ans, cette cohorte d’étudiants de niveau 11 et 12 apprennent à mener et à communiquer des expériences scientifiques variées, et le tout culmine par un projet qu’ils élaborent eux-mêmes. La directrice du programme, Catherine Anderson, dit, “J’aurais bien aimé que ce programme existe quand j’étais à l’école!” Ce sentiment est partagé par plusieurs personnes qui côtoient ce programme de près, et par moi aussi.

Pendant l’atelier, ElShafie expliqua aux étudiants que la chose la plus importante pour le conte d’histoires est de bâtir un lien avec l’audience, et ce, peu importe le sujet de l’histoire. Après qu’ils aient passé 10 semaines avec Future Science Leaders et qu’ils aient publié 5 articles de blogue, je suis convaincu que les étudiants ont bien compris le message.

“J’aime [écrire des articles de blogue],” m’explique Amalia, une des étudiantes, “parce que ça me force à chercher des sources plausibles et à les rendre intéressantes pour les autres, et pour moi-même.”

Les étudiants accomplissent ceci dans leurs articles en faisant des connexions; avec leurs propres expériences, avec des évènements de la vie de tous les jours, et avec des choses qui transcendent la science mais qui intéressent d’autres gens. La science est toujours présente, mais les articles ne ressemblent plus à des pages Wikipédia.

Si auparavant les étudiants ne faisaient que rapporter une série de faits l’un après l’autre, ils suivent maintenant les conseils de Ed Yong; se concentrer sur ce que le lecteur veut entendre, et ajouter des tournures inattendues et des surprises au cours de l’article.

“Je ne veux pas écrire à propos d’un concept quelconque que j’ai appris à l’école,” dit Alice, “je veux apprendre quelque chose de nouveau et de pertinent.” Elle démontre cela en me racontant une histoire dans laquelle de petits capteurs se trouvant dans des pilules peuvent enregistrer quand les patients prennent leurs médicaments. “Ce sont des circuits de niveau 8,” m’explique-t-elle, en parlant de la façon dont le capteur génère un léger courant électrique lorsqu’il entre en contact avec les sucs gastriques. Ensuite, ce courant électrique est détecté par un timbre appliqué sur la peau. “C’est intéressant.”

Ceci est comme une douce musique aux oreilles de Jenny McQueen, coordinatrice du programme. “Nous faisons cela au cas où [les étudiants] soient impliqués en science dans le futur… ils peuvent aider à combler le vide qui existe entre la science académique et la vie publique,” m’écrit-elle dans un courriel. Le fait de reconnaitre qu’il faut modifier le contenu et le ton des articles en fonction de l’audience est une leçon cruciale pour les jeunes écrivains scientifiques. Changer mon style d’écriture pour passer de la littérature académique au style plutôt conversationnel est certainement difficile pour moi.

Une des choses les plus gratifiantes pour moi, étant leur instructeur, est de voir ces étudiants trouver des façons de faire briller leur personnalité dans leur écriture scientifique. Par exemple, Amalia est passionnée par les troubles de santé mentale. Elle utilise donc une approche comme les ‘MythBusters’ ou ‘le saviez-vous?’ afin de prévenir la stigmatisation des gens qui souffrent de troubles mentaux. Alice aime plutôt explorer la science se cachant derrière des expériences de tous les jours, comme par exemple “Comment peut-on expliquer la popularité des lattés à la citrouille par la science“. Jinwei, un autre étudiant, se base sur “des idées variées à propos desquelles j’ai envie d’écrire” (la plupart du temps ce sont des sujets super complexes, comme la mécanique quantique) et écrit des articles de blogues clairs et concis sur la façon dont ça fonctionne. Certains des articles qui sont de très bonne qualité sont publiés sur le site web de Future Science Leaders.

À une ère où le besoin d’avoir des communicateurs scientifiques solides devient de plus en plus important, je suis réconforté par le fait que des programmes tels que Future Science Leaders et que des communicateurs scientifiques tels que ElShafie s’efforcent de donner aux jeunes les outils de rédaction nécessaires au succès auprès d’audiences variées. “Personne n’est obligé de lire cette cochonnerie”, disait Ed Yong dans une entrevue avec Science Borealis. Ces étudiants comprennent maintenant cela, et ils ajustent leur écriture en conséquence.

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Photo par CC BY-SA 3.0 Nick Youngson

Cet article à été traduit par Dominique Melançon. Read the original article in English.

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