pills

La stratégie canadienne pour combattre la résistance aux antimicrobiens

Share this:

Par Nahomi Amberber, co-éditrice Lois et Politique

Est-ce que vous savez le nombre de fois qu’on vous a prescrit un antibiotique ou que vous avez utilisé une crème antifongique pour traiter une irritation soudaine? La plupart de gens ne le savent pas, ce qui en dit long sur le rôle que jouent les antibiotiques dans notre système de santé moderne.

La résistance aux antimicrobiens (RAM), qui comprend la résistance aux antibiotiques, est le terme qu’on utilise lorsque certains microbes (bactéries, parasites, champignons, etc.) ne sont plus sensibles aux médicaments qui ont été développés afin de les combattre. De la malaria qui développa une résistance à l’artémisinine, à la souche d’E. coli qui devint résistante en 11 jours dans ce vidéo populaire sur YouTube, le fait que la RAM prend plusieurs formes et qu’elle ne se soucie pas des frontières en fait un problème mondial. C’est pourquoi l’assemblée générale des Nations Unies a consacré une réunion à ce sujet en septembre 2016. Les objectifs principaux étaient d’améliorer la connaissance du public sur la question et de promouvoir les pratiques professionnelles optimales. Les différents pays ont tous un intérêt direct à supporter ces objectifs; il est anticipé qu’en 2050, il y aura 10 millions de décès reliés à la RAM à travers le monde.

L’urgence créée par ce problème à donné suite à plusieurs initiatives de la part du gouvernement canadien, dont le cadre d’action fédéral de 2014, le plan d’action fédéral de 2015, et le cadre d’action pancanadien de 2017. Le cadre d’action de 2017 possède comme composantes principales la surveillance; la prévention et le contrôle des infections; l’intendance; et la recherche et l’innovation. Il met aussi à jour les principaux défis, dont le manque de surveillance dans certains contextes, les efforts d’intendance qui sont parfois incohérents, et le manque d’antimicrobiens.

cadre-daction-pancanadien-par-n-Amberber-traduit-par-D-Melancon

Par contre, l’aspect le plus important est la façon dont le gouvernement prend action sur ces points.

Le programme intégré canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (PICRA) regroupe des systèmes variés qui se chargent de surveiller les infections qui sont contractées dans les hôpitaux, les microbes d’intérêt particulier, et les références de laboratoires. Les données recueillies par ces systèmes forment la base du rapport publié annuellement depuis 2015 par le système canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (SCSRA). Ce rapport se concentre sur les microbes résistants qui sont spécifiques au Canada, et où on trouve ces microbes.

L’intendance, qui se concentre sur le transfert des connaissances pour les professionnels autant que pour le public, est supportée par le gouvernement fédéral. Plusieurs intervenants, dont le centre de collaboration nationale des maladies infectieuses et SoinsSantéCAN, se sont regroupés afin de publier en 2016 un plan d’action national sur le sujet.

Les actions mises en place par le volet de prévention et le contrôle des infections sont des initiatives de santé publique, comme par exemple des projets de vaccination et d’éducation des professionnels de la santé.

Enfin, le développement de nouveaux antibiotiques est financé en grande partie par des agences telles que les instituts de recherche en santé du Canada, qui ont fourni 96 millions de dollars pour la recherche sur la RAM entre 2010 et 2015. Ceci est important car nous avons connu une pénurie de nouveaux antimicrobiens dans les dernières années. Selon un nouveau rapport publié par l’organisation mondiale de la santé, le nombre de médicaments qui sont présentement en développement est dangereusement bas.

Ces initiatives ont entrainé l’élaboration de politiques qui affectent tous les canadiens, même si elles étaient largement orientées vers la recherche. Santé Canada a émis en novembre 2015 de nouvelles déclarations préventives obligatoires pour les antibiotiques. Ces déclarations disent très clairement que de prendre des antibiotiques en l’absence de bactéries sensibles « ne fournira probablement aucun avantage pour le patient et peut entraîner le développement de bactéries multirésistantes. »

La façon dont on applique les règles est également en évolution. Par exemple, les fermiers auront bientôt à suivre de nouvelles lois lorsqu’ils utilisent des antibiotiques pour le bétail. L’importation de médicaments antimicrobiens utilisés pour les infections chez les humains avec l’intention de les utiliser pour le bétail a été bannie le mois dernier. Un nouveau programme a pour but de favoriser l’utilisation de produits de santé vétérinaire, et les antimicrobiens devront être prescrits par un vétérinaire dès décembre 2018. Puisque les microbes résistants peuvent se transmettre du bétail vers les humains, cela est une étape importante vers l’arrêt du développement de la RAM, car l’utilisation préventive des antimicrobiens chez les animaux en sera diminuée.

La lutte contre la RAM ne s’arrête toutefois pas au niveau fédéral; tout le monde peut adopter des pratiques anti-RAM. Vous pouvez commencer par répondre à un questionnaire utile de l’organisation mondiale de la santé afin de tester vos connaissances sur la RAM et sur ce qui l’entraîne. Communiquez cette information à d’autres gens. Cela contribuera à la connaissance du public et à l’efficacité des mesures préventives; deux choses dont nous avons besoin si nous ne voulons pas que nos enfants vivent dans un monde sans antimicrobiens.

Photo : qimono, CC0, via pixabay.com

Cet article à été traduit par Dominique Melançon. Read the original article in English.

 

Share this: